Pauvreté en Chine : où se trouvent la majorité des personnages défavorisés ?

Le recensement national de 2020 révèle qu’environ 75 % des personnes vivant sous le seuil de pauvreté en Chine résident dans les régions rurales de l’ouest et du centre. Malgré une croissance économique rapide et des politiques ciblées, les inégalités régionales persistent, contredisant les indicateurs de progrès généralisé.

Les données officielles montrent que la plupart des foyers à faible revenu se concentrent dans les provinces du Guizhou, du Yunnan, du Guangxi et du Gansu. Les grandes métropoles, à l’inverse, affichent des taux de pauvreté nettement inférieurs, confirmant la fracture économique persistante entre zones urbaines et rurales.

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La dynastie Song : essor, organisation sociale et défis économiques

À l’époque des Song, la Chine change de visage à une vitesse inédite. Près de cent millions d’habitants, des villes en pleine expansion, des marchés foisonnants, la monnaie papier qui circule de main en main : l’Empire du Milieu rayonne. Mais ce dynamisme impressionnant ne gomme pas la division profonde entre campagnes et cités.

Le pouvoir s’organise autour d’une bureaucratie centralisée, peuplée de lettrés et de hauts fonctionnaires. Pourtant, derrière ce vernis savant, la majorité du peuple reste attachée à la terre, tributaire d’une agriculture souvent capricieuse. Sécheresses, inondations, récoltes perdues rythment le quotidien des ruraux, tenus à l’écart de la prospérité des villes.

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Les grandes réformes politiques cherchent à renforcer le contrôle de l’État et à soutenir la croissance, mais elles peinent à changer la donne dans les provinces isolées. Dans les cités, l’innovation et l’activité commerciale battent leur plein. À l’opposé, la campagne demeure le réservoir d’une main-d’œuvre nombreuse, mais vulnérable.

Ce boom économique, inégal par nature, provoque un vaste mouvement migratoire. Des millions de paysans tentent leur chance en ville, préfigurant déjà le phénomène des travailleurs migrants, les « mingong ». Cette dynamique, née sous les Song, trace la ligne de partage qui façonnera la société chinoise pour des siècles. Encore à l’aube du XXI^e siècle, plus de 120 millions de Chinois survivent avec moins d’un dollar par jour. Le clivage ville-campagne demeure une réalité structurante, qui résiste aux réformes les plus ambitieuses.

Quels facteurs ont favorisé la pauvreté sous les Song ?

La pauvreté en Chine sous la dynastie Song s’enracine dans une série de causes profondes. Près de neuf habitants sur dix vivent alors dans des zones rurales, loin du dynamisme urbain. Les villes s’enrichissent, les campagnes stagnent, soumises à une agriculture fragile et à la merci des catastrophes naturelles. Sécheresses, crues, famines : la misère paysanne n’a rien d’exceptionnel.

La société est structurée de manière rigide. L’élite lettrée, essentiellement citadine, concentre pouvoirs et privilèges. Les paysans, pour la plupart, n’accèdent ni aux ressources, ni à l’ascension sociale. L’administration impériale reste centralisée, mais au bout de la chaîne, les politiques publiques tardent à irriguer les campagnes.

Le système des examens impériaux permet à une poignée d’hommes instruits d’intégrer l’appareil d’État. Pour la majorité, la porte reste fermée. Cette organisation sociale verrouille les possibilités de changement pour tous ceux qui n’appartiennent pas à la minorité lettrée.

Même lorsque l’économie progresse, l’écart se creuse. Le coefficient de Gini, qui mesure les inégalités, demeure élevé : la richesse s’accumule dans les villes, la pauvreté s’enracine dans les campagnes. Les migrations internes s’accélèrent, et la précarité gagne les périphéries urbaines. Le fossé entre chanceux des cités et ruraux démunis ne cesse de s’élargir.

Voici les principaux éléments qui ont entretenu la pauvreté à cette époque :

• Pauvreté rurale persistante, aggravée par l’instabilité agricole
• Hiérarchie sociale rigide, peu perméable à l’ascension
• Inégalités renforcées par la concentration du pouvoir et des richesses dans les villes

La révolte des Taiping : un bouleversement majeur pour les populations défavorisées

La révolte des Taiping bouleverse l’ordre établi et donne la parole à ceux que la société impériale a longtemps ignorés. Entre 1850 et 1864, des millions de paysans, artisans et petits commerçants, en majorité issus du sud de la Chine, se mobilisent dans l’espoir d’une vie moins dure. La contestation, d’une ampleur inédite, traduit l’accumulation d’un mécontentement profond : le régime impérial n’est plus en mesure de répondre à la détresse populaire.

Pour les populations défavorisées, les Taiping incarnent une promesse : redistribution des terres, fin des privilèges, nouvelle justice sociale. Ces propositions séduisent les campagnes, mais l’utopie se heurte vite à la violence de la guerre civile. Déplacements massifs, insécurité, récoltes détruites : la misère s’aggrave, les ressources se raréfient. Le rêve d’égalité s’éloigne, remplacé par l’urgence de survivre.

Dans les campagnes dévastées, la reconstruction s’annonce difficile. Les institutions financières rurales sont quasi inexistantes, les paysans dépendent des usuriers et n’ont pas accès au crédit. Les initiatives de microfinance, soutenues bien plus tard par la Banque agricole de Chine ou PlaNet Finance, se heurtent à la surveillance constante de l’État. Quant aux ONG et à la société civile, leur action reste étroitement encadrée par le pouvoir central.

Voici ce que la révolte des Taiping a laissé dans son sillage :

• Redistribution inaboutie : la promesse égalitaire des Taiping s’est heurtée à la réalité de la guerre
• Ruralité sinistrée : exode, famine, raréfaction des ressources
• Contrôle étatique : la microfinance et les ONG n’échappent pas à la surveillance du gouvernement

Conséquences durables sur la société chinoise et répartition géographique de la pauvreté

La pauvreté en Chine n’a jamais disparu derrière les moyennes flatteuses. Les écarts entre provinces côtières et territoires de l’intérieur s’ancrent dans la durée. Si la pauvreté extrême a reculé de 33 % à 15 % entre 1990 et 2000 d’après la Banque mondiale, plus de 120 millions de personnes continuent de vivre avec moins d’un dollar par jour, en majorité dans les campagnes de l’ouest et du centre.

La croissance, spectaculaire pour les grandes villes comme Shanghai ou Shenzhen, laisse de larges pans du pays à l’écart. Les migrations internes déplacent des millions de ruraux vers les pôles industriels, mais nombre de villages restent coupés des infrastructures, de l’éducation ou de la santé. La « petite prospérité » (xiaokang), chère à Deng Xiaoping puis à Jiang Zemin, consiste à garantir un niveau de vie de base, sans pour autant abolir la pauvreté.

Les populations défavorisées se retrouvent majoritairement dans les provinces enclavées, Guizhou, Yunnan, Gansu, Sichuan, où les retards de développement persistent. Les indicateurs officiels, produits par le Bureau national des statistiques, privilégient la vision du gouvernement, parfois décalée des standards internationaux. La « prospérité commune » voulue par Xi Jinping recentre le débat : il s’agit de réduire les écarts, renforcer la cohésion sociale, mais toujours sous la houlette du Parti.

Pour mieux saisir les dynamiques à l’œuvre, retenons quelques réalités concrètes :

• Pauvreté rurale persistante : poches d’extrême pauvreté dans l’ouest et le centre
• Ville-campagne : fracture jamais résorbée, malgré la montée d’une classe moyenne urbaine
• Indicateurs adaptés : priorités nationales, stratégie de différenciation vis-à-vis des OMD

La Chine trace sa route entre ambitions affichées et disparités tenaces. Reste à savoir si la promesse d’une prospérité partagée saura, un jour, effacer les cicatrices de l’histoire.